Après la crise sanitaire, le spectre de la crise économique se précise avec des prévisions de plus en plus alarmistes annonçant une récession mondiale. Face à cette situation inédite, Pierre Grand-Dufay, le fondateur de la société de capital développement Tertium et le délégué régional de France Invest nous livre son point de vue (*) sur les vertus du capital-développement pour soutenir les entreprises.
Une crise qui ne ressemble à aucune des précédentes
La France est confrontée à une crise économique historique qui ne ressemble à aucune des précédentes : pour la première fois de son histoire, l’humanité a décidé de mettre à l’arrêt la quasi-totalité de l’économie mondiale. Les conséquences du confinement commencent seulement à être chiffrées. Le Fonds Monétaire International prévoit un effondrement du PIB de la zone euro allant jusqu’à 7,5% et une récession mondiale de 3% en 2020. L’Organisation mondiale du commerce estime, quant à elle, que les échanges commerciaux dans le monde pourraient s’effondrer de 32% en volume cette année dans le pire des scénarios. Il faut en effet s’attendre à une baisse à « deux chiffres » dans « presque toutes les régions » de la planète tandis qu’en Europe, les experts s’accordent à dire que la baisse des échanges pourrait atteindre plus de 30%.
Concernant la France, le PIB du deuxième trimestre connaîtra une baisse de 20% après un premier trimestre déjà médiocre au cours duquel la croissance française a affiché un recul de 5,8%. Selon l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques, il s’agit là de la plus importante récession depuis la création des comptes nationaux en 1948 (le plus mauvais taux de croissance connu par la France depuis 1945 avait été de -2,9 % en 2009 après la grande crise financière de 2008). Or, la situation devrait encore s’aggraver car si le déconfinement a commencé le 11 mai dernier en France, l’économie ne redémarre que très lentement et son ralentissement pour l’année 2020 pourrait atteindre 14 %. Le déficit public de la France serait quant à lui d’environ 9% en 2020.
Les entreprises françaises face à un mur de dettes de près de 2 000 milliards d’euros
Face à cette situation, il faut saluer la réaction immédiate de l’Etat et avec des mesures de grande ampleur : près de 300 milliards d’euros de garantie pour des prêts accordés aux entreprises, prise en charge du chômage partiel et report (puis annulation partielle pour certains) du paiement des charges sociales et fiscales… du jamais vu dans l’histoire de l’économie !
Pourtant, si la trésorerie des entreprises a pu être ainsi préservée à court terme, le rythme de versement des prêts garantis par l’Etat (PGE) et les prêts sans marge octroyés par les banques ont encouragé l’édification d’un mur de dettes qui devrait atteindre pour les entreprises françaises 2 000 milliards d’euros à la rentrée 2020. Depuis son introduction fin mars, près de 500 000 entreprises ont obtenu un PGE pour un montant total proche de 100 milliards d’euros (dont 7,6 milliards d’euros avec plus de 50 000 dossiers pour la Région Sud), leur encours de dette ayant ainsi quasi doublé depuis la crise financière de 2008.
Les effets de ce surendettement risquent d’éclater au grand jour en sortie de crise et le pic des défaillances pourrait survenir, paradoxalement, lors du redémarrage de l’activité
Pierre Grand-Dufay
Les effets de ce surendettement risquent d’éclater au grand jour en sortie de crise et le pic des défaillances pourrait survenir, paradoxalement, lors du redémarrage de l’activité et non au cœur de la crise. En effet, c’est au moment où la demande se redressera que les besoins en fonds de roulement des entreprises rebondiront. Le report des charges sociales et fiscales, ainsi que d’autres postes comme les loyers et le remboursement des PGE pourraient ainsi devenir des « bombes à retardement ».
Pour celles qui auront réussi à traverser cette première étape, ce sera le moment d’investir pour financer la reprise et le développement (on parle d’une croissance du PIB 2021 à + 11%) alors même que leur capacité d’emprunt sera obérée, voire saturée.
Aussi, dans ce contexte de difficultés de capacité de financement, il est impératif de trouver des moyens pour aller au-delà de simples mesures de trésorerie et dégager des nouvelles marges de manœuvre afin de permettre l’investissement. Mais comment concilier alors objectif de réduction des dettes, capacité d’investissement et augmentation des performances des entreprises ?
July 12, 2020 at 11:50AM
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[Tribune] Pierre Grand-Dufay : « Le rôle clé du capital-investissement face à la crise - Gomet'
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