Mauvais temps pour la démocratie : il va faire beau aujourd'hui. Ce premier week-end estival de départs en vacances n'incitera pas à se rendre dans les isoloirs. Une épine de plus dans le pied de municipales tanquées depuis trois mois et demi par le coronavirus. Le premier tour avait été une catastrophe, le second s'avance sans grand optimisme ce dimanche. L'abstention record observée à la mi-mars partout dans une France alors en voie de confinement, s'était élevée en moyenne à 55 %. Vingt points supérieure à 2014, pour arriver à des scores stupéfiants dans l'Est et le Sud, Nice et Marseille jouant les premiers rôles avec 69 % et 67,3 %.
Dans une étude nationale réalisée cette semaine auprès des 52 % d'électeurs concernés par ce second tour, l'institut Odoxa conclut que seuls 36 à 40 % des Français se disent certains d'aller voter ce 28 juin. Soit bien moins qu'à la fin de l'hiver.
L'enquête observe que 30 % des sondés sont indécis. Pour 22 % d'entre eux, l'affaire est entendue : ils n'iront pas donner leur suffrage. Pour 47 %, en revanche, un détour par les bureaux de vote s'impose. Mais, précise Odoxa, "75 % à 80 % des personnes sûres d'aller voter le font finalement". Une déperdition qui amène à cette fourchette de 36 à 40 % de participation. L'indifférence aurait-elle succédé aux angoisses virales ?
Les craintes épidémiques ont largement reflué, mais les apparitions de nouveaux cas ou suspicions, à Martigues et Marseille hier, pourraient faire peur aux électeurs les plus fragiles et âgés. Ils ne s'étaient que peu déplacés en mars, faisant, au passage, surtout pâtir la droite et l'extrême droite de leur absence. Qu'en sera-t-il aujourd'hui, alors que la municipalité a pris toutes ses précautions sanitaires, masques, gels, marquages et stylos à l'appui ? "L'hypothèse pessimiste consiste à penser que l'inquiétude du coronavirus est toujours présente", analyse Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'institut Ifop qui s'est penché de près sur l'entre-deux-tours marseillais, à travers deux sondages. "Même si nos études montrent qu'elle diminue, la présence de clusters n'incite pas à aller voter, poursuit-il. L'alternative, à laquelle je crois plus, c'est un retour aux urnes. D'abord parce que l'inquiétude s'en va peu à peu, ensuite parce que la campagne intéresse à nouveau et que de vrais enjeux se dessinent. Le vote, c'est un signe que la vie revient."
Les enjeux politiques, économiques, sociaux et environnementaux sont effectivement affûtés à Marseille et ont fait émerger une foule de propositions chez les candidats. Ils ont rythmé cet entre-deux-tours inédit de cinq semaines où la bataille a toutefois plus fait rage sur la forme que sur le fond. Marquée par plusieurs plaintes et recours liés à des soupçons sur les procurations ou sur des "détournements de fonds publics", elle prépare à un scrutin serré comme jamais. De quoi donner envie de voter. Ou, a contrario, tourner le dos au monde politique et ses turpitudes. "Dans cette ville si particulière, où l'effervescence est permanente, la forte abstention n'est pas de la passivité, souligne le politologue Pascal Perrineau, ancien directeur du Centre de recherches de Sciences Po. Elle est une protestation, comme le vote blanc. Et dans le cas de petites tambouilles, l'opinion peut réagir en rejetant en bloc un système qui n'est pas à la hauteur de son effervescence." La légitimité des futurs élus n'en serait alors que moindre.
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June 28, 2020 at 02:02PM
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