Dès le lendemain d’élections municipales qui s’annoncent très difficiles pour son parti, Emmanuel Macron compte reprendre la main en enchaînant engagements écologiques et internationaux ainsi qu’un remaniement de grande ampleur, pour remodeler la fin de son quinquennat.
"À partir de dimanche commence un temps d’initiative politique. Une nouvelle page s’ouvre", affirme son entourage, qui compte enjamber rapidement un scrutin qu’Emmanuel Macron refuse de considérer comme un baromètre national.
Virage écolo
Son objectif est de tracer la feuille de route des derniers 18 mois "utiles" du quinquennat, sans abandonner les choix libéraux des débuts. Mais, face à une poussée écolo dans les sondages, en introduisant une inflexion écologique et sociale réclamée par l’aile gauche de son parti.
Autre priorité, le plan de relance promis pour la rentrée pour soutenir une économie paralysée par le coronavirus et une décentralisation du pouvoir au profit des préfets de départements, l’échelon qu’il privilégie désormais. "Je suis pour l’État départemental", a-t-il récemment affirmé à ses interlocuteurs.
Tous ces chantiers commenceront dès lundi matin. Vers 11 heures, il recevra à l’Élysée les 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat, qui lui remettront officiellement leurs 149 propositions. Il leur adressera une "réponse", un discours où il devrait annoncer la reprise de certaines propositions et confirmer son intention d’en soumettre d’autres à un référendum, selon ses proches.
Il s’envolera juste après vers le château de Meseberg, au nord de Berlin, pour une rencontre bilatérale avec la chancelière Angela Merkel, suivie d’une conférence de presse lundi soir. Ce sera l’occasion d’une deuxième prise de parole, cette fois pour défendre le plan franco-allemand de relance européenne, qui propose de distribuer 500 milliards d’euros de subventions européennes aux pays les plus touchés par l’épidémie. Mais il doit encore en convaincre les pays "frugaux" du nord de l’Europe avant et lors d’un sommet à Bruxelles mi-juillet.
Mardi, le président français fera un aller-retour dans la journée à Nouakchott (Mauritanie) pour un sommet avec les dirigeants du G5 Sahel (Mauritanie, Niger, Tchad, Mali, Burkina Faso), où les 5 000 soldats français combattent les jihadistes aux côtés des forces sahéliennes. Il devrait en saisir l’occasion pour rappeler, y compris aux Français, ses objectifs internationaux.
Avec ou sans Édouard Philippe ?
Il aura ensuite la fin de la semaine pour enclencher la "nouvelle ère" de son quinquennat par un remaniement très attendu qui s’annonce de grande ampleur, selon ses proches. Le nouveau gouvernement pourrait être annoncé jeudi ou vendredi, même si le président peut prendre quelques jours supplémentaires.
Choix le plus délicat : va-t-il remplacer ou non son Premier ministre Édouard Philippe ? Cet allié solide serait difficile à remplacer et son maintien reste une hypothèse crédible, selon des proches de l’exécutif. Mais le garder à la tête du gouvernement rendrait moins crédible l’idée d’un virage politique.
Et Édouard Philippe, un juppéiste qui a milité pour les arbitrages de la rigueur, accepterait-il de nouvelles orientations plus à gauche? Le président "sait qui je suis, ce que j’incarne, ce que je peux faire et ce que je ne peux pas faire", a-t-il prévenu la semaine dernière dans une interview à Paris-Normandie.
"Super-ministères"
Pour "incarner" sa nouvelle stratégie, Emmanuel Macron pourrait créer quelques "super-ministères", à l’image de ses nouvelles priorités. Il pourrait en profiter pour créer la surprise en faisant entrer des personnalités prestigieuses de la société civile. Parmi les noms qui circulent figurent la professeure Laurence Tubiana, ex-ambassadrice pour la COP21 et présidente de la Fondation européenne pour le climat, ainsi que le procureur François Molins, évoqué pour l’Écologie et la Justice. Il pourrait aussi faire appel à l’eurodéputé LREM Pascal Canfin.
Il pourrait octroyer à de jeunes ministres comme Gérald Darmanin ou Sébastien Lecornu des grands ministères, l’un tourné vers les affaires sociales, l’autre vers les territoires. Sans oublier ses proches, comme Jean-Michel Blanquer, pressenti pour un cumul de l’Éducation et de la Culture.
Mais Emmanuel Macron, s’il consulte tous azimuts, ne laisse rien filtrer de ses intentions et tout reste ouvert, avant un discours décrit comme refondateur attendu courant juillet, où il donnera la feuille de route jusqu’à la présidentielle de 2022.
Mais elle ne s’annonce pas non plus révolutionnaire. En recevant ces derniers jours les chefs des groupes politiques du Sénat puis de l’Assemblée, il a affirmé qu’il poursuivrait certaines de ses réformes, dont celles des retraites et de l’assurance-chômage. Le tout, assure-t-il, dans un esprit "d’apaisement".
June 28, 2020 at 11:04PM
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Après les municipales, Emmanuel Macron entame une semaine clé - Sud Ouest
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